Fontaine Amédée-Larrieu

Article paru dans le magazine Déco IN Bordeaux N°4, rubrique « En vélo Simone » (février-mars 2018)

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Photo : Jeremy Denon pour IN Magazines

En 1896 meurt Eugène Larrieu, à l’âge de 46 ans, au château Haut-Brion dont il est le propriétaire. Au nom de son père, Amédée Larrieu, ancien préfet de la Gironde, et député, Eugène Larrieu lègue à la ville de Bordeaux, d’une importante somme d’argent pour construire une fontaine publique sur la place de Pessac (aujourd’hui place Amédée Larrieu). En mai 1897 est arrêté le programme du concours ouvert entre tous les artistes français pour l’élection à Bordeaux d’une fontaine publique sur la place Amédée larrieu et les conditions concernant le règlement. Le jury, les droits de l’administration sont définis. Les concurrents devront remettre leurs plans, devis et maquettes le 15 novembre 1897 avant midi au plus tard. Et la dépense totale du monument ne pourra excéder 100 000F. Le programme doit rendre hommage à la ville de Bordeaux et à ses vins. La mairie reçut plus de cinquante demandes d’autorisation à concourir et vingt-trois projets furent
déposés à la date escomptée. C’est le sculpteur Raoul Verlet, né à Angoulême, qui remporta le concours. Le personnage principal de la fontaine de Verlet est la ville de Bordeaux, symbolisée sous la forme d’une femme nue, souriante, les cheveux relevés en chignon. Elle tient une grappe de raisin qu’elle dépose dans la hotte d’un petit amour-vendangeur. Elle est juchée, en guise de char, sur une gigantesque coquille d’huitre portée par des tritons barbus aux visages expressifs. Au revers du monument, cette même jeune femme tout aussi… dévêtue… est allongée sur le pont d’une barque déployant sa voile. Sur le pont du petit navire on voit une barrique de vin. Tritons, jarres d’eaux, langouste, tortue, crabe, bulots (!) cèpes de Bordeaux, constituent autant d’éléments d’une résurgence du style rocaille, composant un décor naturaliste fait pour exalter la grâce féminine… En 1901, l’équipe parisienne d’architectes de la fontaine (Bauhin et Barbaud) est sollicitée par la municipalité bordelaise, pour construire un marché sur la place. Construit à l’arrière plan de la fontaine, ce marché, va mettre en scène, superbement, celle-ci. Véritable écran et écrin architectural, l’édifice forme une longue façade horizontale, légèrement incurvée entre deux massifs verticaux et rectangulaires où sont placées deux autres fontaines sculptées par Verlet.
Au centre du marché, entre deux colonnettes de fonte, se déploie une demi-rosace en fer forgé et en forme d’éventail. Les gracieuses et sinueuses lignes qui composent cette demi-rosace s’achèvent en coup de fouet, caractéristiques de l’Art Nouveau. Comme le rappelle les professeurs Coustet et Saboya, l’ensemble de la place Amédée Larrieu, mélange de pierre et de fonte, alliance des styles rocaille et Art nouveau, est le chef-d’oeuvre bordelais de l’Art 1900.Les vœux d’un journaliste de La Gironde (lointain ancêtre du journal Sud-Ouest) évoquant à propos de la fontaine Larrieu son programme iconographique, un monument bien local, dont le principal mérite devrait être de conserver l’accent, de porter le cachet de notre pays… ont , à n’en pas douter, été exaucés ! Gloire à Bordeaux et à ses vins !

Ce qui ferait (et serait) classe serait de citer une biographie :
Robert Coustet et Marc Saboya, Bordeaux, Le temps de l’Histoire, editions Mollat, Bordeaux, 1999.

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